Le fondateur
Maurice fleuret a été le fondateur de la Galerie Sonore, en 1973, dans le cadre du Festival d'Automne, mais il a aussi participé au lancement de la " fête de la musique ".
Pour découvrir ce musicien et voyageur, laissons nous simplement guider par ses propos, recueillis pour la plupart en janvier 1989 par Jean M. Renard, et publiés en mars de la même année dans le magazine " Trad Mag ".
N'est pas collectionneur qui veut! Il y faut fortune et compétence. Or je n'ai ni l'une, ni l'autre. Je ne suis donc pas, je ne serai jamais collectionneur, la chose est entendue. Mais ma double passion de voyageur et de musicien n'a pas cessé, depuis bientôt vingt ans, de me confronter à des musiques lointaines qui m'ont obligé à sortir de mon éducation, de mes habitudes, de ma spécialité et à m'apercevoir, après bien d'autres, que notre Occident n'est pas universel et que son art n'exprime qu'une fraction infime et très limitée de toute la pensée de monde. Pour avoir battu le tambour avec les Waghenias du Zaïre, tenu le balafon avec les griots mossis de la Haute-Volta, rêvé avec les virtuoses persans au pied du tombeau de Hafiz, appris à faire sonner la guimbarde dans les ruines d'Angkor, comparé les mérites d'une cinquantaine d'orchestres balinais, entendu au petit matin le gagaku tout près de Nara, pour avoir essayé de comprendre, d'aimer l'âme des peuples à travers leurs musiques, j'ai été amené comme malgré moi à rapporter en Europe les instruments de cette profondeur. Ma collection n'est pas une collection, c'est un album de souvenirs sonores au milieu duquel je vis, en attendant le prochain voyage. Maurice Fleuret
On m'avait appris au Conservatoire que la musique requérait une sorte de qualité objective, et et en premier lieu la justesse. Or, dès mon premier voyage en Afrique, durant l'automne 1957, j'ai découvert des musiques qui n'étaient pas justes, même dans leur échelle propre, mais qui étaient d'une très haute qualité artistique. On m'avait appris que la polyphonie était née à Paris avec l'école de Notre-Dame, et je découvrais des musiques polyphoniques extrêmement complexes, à cinq parties indépendantes, et tellement ancrées dans les traditions que, sans être écrites d'aucune manière, étant même improvisées, elles étaient d'une grande rigueur. Mon premier voyage en Afrique, avec les Jeunesses Musicales, a été suivi d'une vingtaine d'autres. Ce qui m'a frappé, au cours de ces innombrables voyages, c'est l'extraordinaire invention des hommes en matière d'acoustique musicale, de facture instrumentale notamment. Aux instruments hautement sophostiqués qui sont les nôtres, qui requièrent un apprentissage long, difficile et peu valorisant, j'opposais sur le terrain l'existence d'instruments sans doute plus précaires, pas forcément moins raffinés, mais de pratique extrêmement plus directe, plus physiquen et c'est cela qui m'a intéressé en particulier. C'est pourquoi en 1973, alors que j'étais directeur des Semaines Musicales Internationales de Paris, et en liaison avec le Festival d'Automne qui venait de se fonder deux ans plus tôt, j'ai eu l'idée de créer le Galerie Sonore, parce que j'avais constaté que les enfants, attirés par les instruments, avaient un rapport simple, spontané, direct et particulièrement efficace avec ceux-ci, comme s'ils les attiraient de manière magnétique, les fascinaient et leur dictaient la manière de s'en servir, ce que ne fait pas un instrument de nos traditions. Maurice Fleuret